Jerome Poulalier

 

Publication sur Arkuchi :
Couverture et double page centrale

 

Extrait

 

Il a la trentaine, l’œil curieux, l’air cool de ceux qui hument la rue et l’air du temps. Jérôme Poulalier vit de la photographie et se consacre, depuis huit ans, à des reportages. Tous univers, toutes destinations, tous sujets. « Des projets » qu’il choisit « avant tout au coup de cœur » et qu’il imagine et conceptualise souvent de A à Z, posant un cadre et un angle de vue. La notion de storytelling est très importante pour lui. « J’aime l’idée de documenter sur un instant que tu ne revivras jamais… »

Son premier souvenir lié à la photographie ? Le développement d’une photo ratée avec son père quand il avait une dizaine d’années. Il avoue avoir commencé « par curiosité, sur l’outil », un appareil compact numérique, des photos de soirées à l’arrache, une première série personnelle sur les friches urbaines, des voyages, le goût pour l’exploration et les ambiances urbaines (le mot revient souvent) et l’envie définitive de « faire quelque chose de cette photographie ». Il articule aujourd’hui son travail autour de quatre grandes thématiques, humain/portrait/rue/ histoire. « Je documente l’humain dans son environnement. » Dont acte avec des reportages fouillés qui l’emmènent au fin fond du désert jordanien avec des archéologues (mission de trois semaines, en 2018), au Texas pour un voyage initiatique au pays des non-voyants (il confie avoir été marqué par cette expérience) ou dans un no man’s land inquiétant en Transylvanie (Copsa Mica en 2011). Avec Granvillage et Groupama, en 2019, c’est aux producteurs locaux des circuits courts qu’il s’intéresse. Une manière de témoigner du monde d’aujourd’hui et ici un sujet qui lui tient à cœur – il vient de la campagne jurassienne et du monde de la terre.

Des instants volés, une nuée d’abeilles, huit secondes de pure adrénaline avec des bulls riders texans, des gueules burinées, un regard bleu cobalt, le désert à perte de vue : les sujets, en noir et blanc ou en couleurs, sont multiples et cherchent à capter « tout ce qui sort de l’ordinaire. » Ce qui lui donne envie de déclencher ? « Lorsque qu’une émotion se dégage. Que cela me parle ou que cela me plonge dans une histoire. » Une façon de « capturer l’air sur la pellicule », sans doute. À l’instinct voire à l’arrache. Comme une poubelle renversée avec ses déchets, ou encore l’image de ce corbillard, volée à New York, avec son incroyable plaque d’immatriculation, « SIXVISIX » (666). « Ce sont souvent des détails qui m’inspirent. Des gestes qui attirent mon regard en premier. » On se doute que la rencontre est essentielle pour lui : « parler, échanger, découvrir… pour raconter des histoires en images », on y revient toujours.

Jérôme Poulalier est l’un des quinze finalistes du Prix Levallois 2020. Bravo. Il suit aussi une masterclass avec Alec Soth. « C’est intéressant de savoir comment les pères de la photographie contemporaine imaginent leurs projets, planifient une série, travaillent leur editing. On n’y apprend pas vraiment des techniques, c’est plus poétique. On est dans un partage de son approche, de sa vision… »

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Texte de Anne Huguet – Rédactrice en chef du magazine Arkuchi

Couverture : Photo de l’artiste Nawelle Ainèche pour The Hope Gallery

Pour celles et ceux qui n’ont pu se procurer le magazine, publication à retrouver sur la version en ligne, disponible ici.


 

 

 

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